C’est avec regret que la FLCPF a reçu le vote, le 15 octobre 2018, de la nouvelle loi qui ne modifie rien, ou presque, des conditions d’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). En effet, si quelques modifications législatives sont saluées, cela n’implique que peu de changements sur le plan pratique, c’est-à-dire dans l’accès effectif et facilité à l’IVG. Par exemple, même si cette loi « sort l’IVG du code pénal », elle continue à réduire l’accès à l’avortement, notamment par le maintien de sanctions pénales à l’égard des femmes et des médecins qui ne respecteraient pas les conditions.
En Belgique, l’IVG a été partiellement dépénalisée le 3 avril 1990. Concrètement, cela signifie que l’avortement était toujours interdit sauf exceptions et respect simultané de plusieurs conditions : un délai gestationnel de 12 semaines de grossesse maximum, un délai de 6 jours entre le premier contact et la pratique de l’acte médical, etc. Pourtant chaque année, parce qu’elles ont dépassé le délai gestationnel prévu par la loi, a peu près 500 femmes se déplacent aux Pays-Bas pour bénéficier d’une IVG ; ce qui leur coûte à peu près 1000€. Une autre réalité, c’est aussi celle de toutes ces femmes qui n’ont pas les moyens – financiers et/ou logistiques – de recourir à l’avortement à l’étranger et qui devront, par conséquence, assumer une grossesse, un accouchement et un enfant non-désiré. C’est pourquoi, pour des raisons de santé publique, la FLCPF plaide pour la fin de l’hypocrisie et l’allongement du délai gestationnel jusqu’auquel l’avortement peut être pratiqué en Belgique.
Par ailleurs, environ 80% des IVG en Belgique sont pratiquées dans des centres d’avortement extrahospitaliers et le risque de pénurie de médecins pratiquant l’avortement menace directement l’accès effectif à celui-ci. Aussi, la formation des professionnel-le-s constitue un enjeu crucial. Enfin, étant donné le rayonnement toujours important de l’activisme anti-choix, un travail de visibilité et de plaidoyer reste nécessaire afin de contribuer à la déstigmatisation de l’IVG dans notre société et pour que l’avortement reste une liberté, un choix.
Pour répondre à ces enjeux politiques et pragmatiques, la FLCPF intervient à différents niveaux.
La FLCPF mène une campagne de plaidoyer visant la dépénalisation complète et effective de l’IVG ainsi que la révision des conditions d’accès à celle-ci en faveur des femmes, de leur droit à l’autodétermination et aussi en faveur des médecins qui pratiquent des avortements.
La FLCPF réalise des outils de communication et d’information à destination des professionnel-les et des publics finaux.
La FLCPF organise des séances d’information et de formation sous la forme de séminaires et conférences.
Le CEDIF, centre de documentation de la FLCPF, est spécialisé dans la vie affective et sexuelle. Vous pouvez consulter la base de données documentaire relative à la thématique IVG, en cliquant ICI
Jean-Jacques AMY est gynécologue, professeur émérite à la Vrije Universiteit Brussel, rédacteur en chef honoraire de l’European Journal of Contraception and Reproductive Health Care et administrateur de la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial. Il a été condamné à répétition pour assistance à des femmes en état de détresse, avant la dépénalisation partielle de l’avortement.
En 2008, J.J. Amy se confiait sur son parcours, sur l’influence de Willy Peers et sur son combat pour une dépénalisation complète de l’avortement. Cette interview éclaire l’actualité d’une bataille qui n’est pas totalement terminée. Il aborde l’engagement politique de Peers, sa personnalité et l’exemple qu’il fut pour plusieurs générations.